Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 11:32

Histoire des arts - Grille de lecture

Approche informative - Ce que l'on apprend

Titre, dimensions et lieu de conservation de l’œuvre.

Les joueurs de skat (renommé tardivement Invalides de guerre jouant aux cartes)

110 x 87 cm – Nationalgalerie, Berlin

Date de réalisation, genre artistique, origine de l’œuvre.

1920

Le tableau est à rattacher au mouvement expressionniste : l’artiste exprime sa vision personnelle de la réalité, ses idées et sentiments. Il tend à déformer la réalité pour inspirer une réaction émotionnelle.

Otto Dix a peint ce tableau juste après la 1ère guerre mondiale qui est le sujet principal de l’œuvre.

Identité et vie de l’artiste :

Otto Dix (1892-1969) est un peintre allemand. En 1910, il intègre l’école des Arts décoratifs

de Dresde. Il est encore étudiant quand la guerre éclate.

1914 : il s’engage comme volontaire dans l’artillerie. En 1915, il participe aux campagnes de Champagne, Somme et Russie ; il est blessé plusieurs fois.

Dans les années 20, il devient professeur d’art et fonde le mouvement appelé « la Nouvelle Objectivité ».

1933 : considéré comme un artiste « dégénéré » par le régime nazi, il est l’un

des premiers professeurs renvoyés et persécutés. Il ne peut plus exposer ses œuvres.

1937 : ses œuvres sont retirées des musées allemands ; certaines sont brûlées par les nazis.

Pour protéger ses toiles, il doit les cacher.

1939 : Il est enrôlé de force dans l’armée allemande et combat sur le front occidental durant la seconde guerre mondiale. Il est fait prisonnier en Alsace (près de Colmar) par l’armée française. 1945 : Traumatisé par ces deux guerres, il se consacre ensuite à son art.

La société de l’époque :

1920 : quand O. Dix peint ce tableau, la 1ère guerre mondiale est achevée depuis deux ans seulement : la société allemande est fortement marquée par ses morts et la défaite.

Approche descriptive - Ce que l'on voit d’important

.

Au 1er plan : les pieds des trois tabourets et de la table.(et donc l’absence des jambes des hommes)

Au centre : les 3 personnages occupent tout l’espace dans une construction pyramidale.

Au 2ème plan : à droite : un porte-manteau vide ; au centre : des journaux qui rappellent le conflit franco-allemand ; à gauche : une lampe faisant apparaître en filigrane une tête de mort.

Les 3 hommes sont de mutilés de guerre : ils portent encore un uniforme.

L’homme de gauche : il a une jambe de bois et joue aux cartes avec le pied qui lui reste. Sa manche droite est vide, et de sa manche gauche sort une main articulée avec laquelle il pose ses cartes sur la table. De son oreille part un tuyau qui lui permet d’entendre la conversation. Il doit avoir perdu l’ouïe lors de la guerre.

L’homme au centre : il joue aussi aux cartes. Il lui manque une partie de la peau de la tête: il a été scalpé. On voit deux personnages danser sur la partie droite de son crâne. Il a deux moignons à la place des jambes qu’il a perdues à la guerre. Il a un œil de verre et n’a pas d’oreille.

L’homme de droite : il n’a qu’un buste, il est posé sur la chaise. Sa main droite est articulée comme un robot et l'autre ressemble aussi à une prothèse. Sur son veston il porte une croix germanique de l’armée allemande.

Les couleurs sont froides : le noir, le bleu foncé, le verdâtre.

La lumière met en évidence les 3 hommes.

Les lignes sont cassées, tout semble désarticulé.

Approche sensible - Ce que l'on ressent

Les personnages, les couleurs et les lignes créent un sentiment de profond malaise et d’horreur.

L’horreur de la guerre, ses traumatismes et mutilations sont mis en évidence et même exagérés par le peintre qui exprime ainsi son propre traumatisme.

Approche interprétative - Ce que l'on pense

On peut penser qu’Otto Dix a peint ces mutilés pour qu’ils fassent peur aux gens et ainsi les faire réfléchir à ce que signifie et provoque une guerre. Le tableau dénonce la guerre et les traumatismes irrémédiables qu’elle engendre.

Les mutilations font penser aux gueules cassées que les médecins n’ont pas pu soigner.

Ce qui est frappant néanmoins, c’est que l’horreur effroyable de ces corps est aussi grotesque, voire même ridicule. Ces anciens combattants portent leur uniforme, et même sa Croix de fer pour l’un d’eux : ces corps ressemblent à des pantins, fiers de leurs blessures héroïques. C’est alors toute la folie absurde de la guerre qui est exprimée. D’ailleurs, ces trois hommes se retrouvent pour jouer aux cartes : le jeu fait penser au hasard et évoque l’irrationnel de la guerre ; de plus, le contenu de ces cartes est visible, dévoilé parce que « les jeux sont faits », les hommes n’ont pas vraiment de choix. L’œuvre prend alors une signification particulièrement pessimiste.

  • L’art contemporain n’a pas pour but de faire « joli », il donne à réfléchir.
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

Un blog. Pour quoi? Pour qui?

Ce blog est dédié à l'histoire des arts au collège Charles Peguy de Verneuil l'étang (77).

Les contributeurs sont les professeurs du collège. Il s'agit d'un outil pour leurs élèves qui peuvent ainsi accéder aux documents étudier et réviser l'épreuve de fin d'année.

 

Le site académique d’histoire géographie de l’Académie de Créteil a ouvert un nouvel espace dédié à l’histoire des arts. Cliquez sur l'icône ci-dessous pour s'y rendre.

histoiredesarts.jpg

Rechercher

Catégories